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Par Léa Rogg.
En l’an neuf de notre ère, le commandant en chef romain Varus, ayant eu pour mission de conquérir les terres entre le Rhin et l’Elbe pour en faire une nouvelle province romaine, est vaincu par les Teutones –ensemble de peuples germaniques-, dans la forêt du Teutobourg. Trois légions et six corps de cavalerie (plus de 20 000 guerriers) sont massacrés en trois jours. À l’époque de César une légion comptait 6000 hommes. Désespéré, Varus se jette dans son épée. Cette défaite cuisante des Romains amorce le déclin de l’Empire qui va s’effondrer au 4e siècle.
En l’an 313, la religion chrétienne, déjà présente dans l’empire romain est reconnue comme officielle par l’empereur Constantin. Vers la fin du règne romain, l’empire est divisé en 120 provinces, administrées par un chancelier de la cour, assisté par un ministre de la finance, un ministre des domaines et un ministre de la justice. Au spirituel, les provinces sont réparties sur quinze diocèses. Les 4e et 5e siècles, sont avant tout marqués par les invasions des peuples barbares, l’effondrement du système économique, bref d’un empire devenu trop grand, et de ce fait incapable de protéger ses 15000 kilomètres de frontières (1).
En l’an 410, la puissante Rome est prise d’assaut par Alarich roi des Wisigoths et sa cohorte de 40 000 hommes –Huns, esclaves, mercenaires-. Durant trois jours, la ville éternelle est pillée et mise à sac. La migration des peuples venus de l’Est est liée aux invasions des Huns. Le royaume d’Attila s’étendait de la Hongrie jusqu’au Caucase et à l’Est jusqu’au Rhin.
En l’an 448, il oblige la puissante Rome à lui payer le tribut. En l’an 451, il traverse le Rhin, fait la conquête de Metz et avance avec ses hordes jusqu’au pays de la Loire, où il est battu par un ensemble de peuples germains. Peu après, il meurt en 453 dans la nuit de noces avec Hildico. Lors de ses funérailles somptueuses, il est incinéré avec ses armes, ses bijoux et autres trésors (2). La fin du 5e siècle, sous le règne du roi mérovingien Chlodwig/Hludovicus/Ludwig) marque la fusion des Francs et des Gallo-Romains (3). Le 8e siècle est marqué par les invasions des Arabes. De l’an 628 à l’an 749, l’expansion de l’Islam par la guerre sainte (le djihad) s’étend du bassin méditerranéen jusqu’en Asie. En l’an 732, le grand- père de Charlemagne, Charles Martel, repousse les Arabes près de Poitiers et Tours et évite l’islamisation à l’Europe. Mais durant des décennies, les Sarrasins continuent à terroriser les villes de Nîmes, Arles, Avignon, ainsi que toute la vallée du Rhône jusqu’à Lyon (4). La christianisation se poursuit et se propage dans toute l’Europe par des prédicateurs venus d’Irlande et d’Ecosse. Mais il semble que cette doctrine ne trouve pas partout la même résonance. De fait, le moine Winfried Bonifacius, (671-754), dénommé l’apôtre des Allemands, fondateur de l’abbaye de Fulda et du couvent de Paderborn est tué (assommé) par les Frisons en l’an 754 (5). À partir de l’an 1000, l’Europe est une entité chrétienne, des Pyrénées à la mer du nord règne la même religion, le même esprit, la même culture, la langue officielle étant le latin.
Les Francs sont des hommes libres qui portent comme tels, une chevelure longue et bouclée. Par ses guerres à l’encontre des Lombards, des Avars et des Saxons, Charlemagne agrandit considérablement son royaume. En revanche, celle engagée à l’encontre de l’Espagne arabe en l’an 778 se termine par une défaite (6).
Charlemagne, roi des Francs, empereur de l’Occident
Durant trois siècles, la dynastie des Mérovingiens est au pouvoir. Suite au décès de Pippin/Pépin père de Charlemagne, survenu le 24.9.768, Charlemagne et son frère Karlmann règnent durant trois ans le royaume des Francs.
Charlemagne est considéré comme élu de Dieu, à la gloire de l’Europe et comme père fondateur de l’Europe chrétienne. C’est le début de l’époque carolingienne du nom de Karl/Charles. Les Carolingiens possédaient en Alsace de grandes propriétés –Colmar, Rouffach, Sélestat, Erstein- et y séjournaient régulièrement. L’Alsace était divisée en deux comtés –Nordgau et Sundgau-. Sa prospérité était due à l’agriculture, la viticulture et le commerce. Vers l’an 830, le moine Ermold, écrit un poème à la louange de l’empereur Louis le Pieux, dans lequel l’Alsace est célébrée par ces lignes : « C’est une terre antique et riche, occupée par les Francs, qui lui ont donné le nom d’Alsace. La vigne couvre les coteaux, les champs portent les moissons, les Vosges sont couvertes de forêts, le Rhin fertilise le sol » (7).
Le personnage
Charlemagne/Karl der Grosse, de la dynastie des « Arnulfinger », fils de Pippin/Pépin et de Bertrada, a 26 ans lorsqu’il accède au pouvoir. Son avenir est déjà conditionné par ses illustres ancêtres. Sa naissance le 2 avril 742 et sa jeunesse sont nébuleuses. Le degré de parenté de ses parents Pippin/Pépin et Bertrada, ne répondait pas aux lois en vigueur de l’époque, et de ce fait ne permettait pas une union matrimoniale. Des années plus tard le Pape intervient et accorde sa bénédiction au couple. Le mariage est célébré et un deuxième fils voit le jour « Karlmann ». Ce frère considère qu’il est le fils légitime et met en cause la filiation naturelle de son frère Charles qu’il traite d’usurpateur et de non croyant pratiquant l’adultère. Le décès subit de Karlmann qui n’a que 20 ans, met fin à la rivalité des deux frères. Charlemagne s’approprie la régence du royaume et déshérite les deux garçonnets de son frère Karlmann (8). La veuve de son frère avec ses deux fils cherche refuge auprès du roi Desiderius de Lombardie. Ce dernier, beau-père de Charlemagne demande impérativement au Pape Hadrian I. d’intervenir et de sacrer roi, les deux fils du défunt Karlmann. Charlemagne, conscient de la situation épineuse, répudie sa femme Desiderata, fille du roi Desiderius, et engage la guerre (773/774) à l’encontre des Lombards (9). Après la capitulation de Desiderius, il s’instaure lui-même comme roi des Lombards.
Charlemagne est grand de taille –deux mètres-, costaud, et se distingue par une tenue majestueuse et imposante. Sur une nuque renflée de taureau repose une tête ronde entourée d’une chevelure bouclée. Ce colosse rusé possède d’incroyables forces vitales. Sa capacité de soulever d’un bras un guerrier en pleine monture est légendaire et contraste fortement avec sa voix fluette. Durant des journées d’affilée, parfois sans sommeil, il parcoure à cheval son royaume. Il est vêtu du costume du peuple franc –pourpoint, culotte, jambières en cuir, bottes fermes et un manteau vert d’eau-. Si nécessaire il parle un latin parfait, mais préfère parler sa langue maternelle, un dialecte germanique. Ce roi du peuple, archétype aux mœurs paysannes troquait rarement ses vêtements rudimentaires pour des habits d’apparat.
Le sacre
Les Carolingiens, tout comme les Mérovingiens considèrent que l’Empire est leur bien propre qu’ils transmettent d’une génération à l’autre. L’Église est à leur ordre et service et confère par l’onction et le sacre à donner aux empereurs la légitimation ainsi qu’une sorte d’auréole divine. En l’an 799, lors d’une procession à Rome, le Pape Léo III est attaqué, mais réussit à fuir ses assaillants. Charlemagne lui assure son soutien et sa solidarité et va dès que possible à sa rencontre avec son entourage.
Il est accueilli en grande pompe aux portes de Rome. Le 25 décembre de l’an 800, Charlemagne, roi des Francs, obtient des mains du Pape la couronne des Césars, en signe de récompense. Son empire comprend alors la Gaule, l’Italie et la Germanie. Il est le souverain roi des chrétiens, protecteur de l’Eglise et le représentant de Dieu sur terre. Les Romains l’acclament comme Imperator Romanorum. En avril 801, Charlemagne quitte Rome, enrichi par le trésor d’état de la ville éternelle, pour ne jamais plus y revenir. Il est au sommet de sa puissance (10). Or, ce même Charlemagne qui impose à l’Occident la religion chrétienne – s’il le faut par l’épée-, n’a jamais été un homme pieux. Les leçons de morale, dispensées par le clergé, ne s’appliquaient pas à sa personne, d’ailleurs il s’en fichait royalement.
Le père de famille
Au cours de sa vie, Charlemagne a eu cinq épouses, au moins quatre concubines et 17 enfants ont grandit à la cour. Il répudie sa première épouse Desiderata afin de pouvoir se marier avec Himiltrud, qu’il répudie quelques années d’après car il tombe amoureux de la jeune Hildegard de 13 ans qui enfante à l’âge de 14 ans. Elle meurt épuisée lors de son 9è accouchement à l’âge de 25 ans. Trois fils et trois filles lui survécurent. Hildegard est enterrée à Metz à côté de l’ancêtre de Charlemagne l’évêque saint Arnulf. Charlemagne très touché par la perte de sa femme, lègue au clergé plusieurs propriétés afin qu’une messe soit célébrée chaque jour à l’intention de la défunte. Mais sa tristesse ne l’empêche pas de prendre quelques mois plus tard sa quatrième épouse la démoniaque Fastrada, une beauté morbide, cruelle et dominante qui chicane toute la cour. Après quelques années, Charlemagne, se sépare de Fastrada mère de ses deux filles et se lie avec Luitgard qu’il épouse après le décès subit (10.8.794) de Fastrada. Mais, après quelques années de vie commune, la nouvelle épouse -modeste, jeune et sportive-, décède le 4 juin de l’année 800 lors d’un voyage à travers le sud de la France. Charlemagne ne se remarie plus, mais d’après la chronique, il est encore question de trois femmes, dont une originaire de la Saxe, mère de ses enfants (11). Signalons que par peur de perdre ses filles, Charlemagne préfère qu’elles prennent des amants plutôt que des maris.
L’asservissement des Saxons
Le biographe de Charlemagne, Einhard écrit dans ses mémoires que la guerre à l’encontre des Saxons fut la plus dure. Ces tribus de peuples germains libres, pour la plupart propriétaires terriens, vénéraient les forces de la nature. Le nouveau Dieu -Jésus de Nazareth-, ne pouvait remplacer, ni les forces motrices de l’univers vénérées depuis la nuit des temps, ni « l’Irminsul » détruit en l’an 772, lors de la prise de la forteresse Eresburg en Wesphalie par Charlemagne.
L’Irminsul ou Irminsäule était une colonne en bois, symbolisant un des piliers portant le firmament (12). Dans une première phase, entre 772 à 782, une grande partie de la Saxe est annectée et sous domination des Francs. Cet état de fait est dû à la collaboration d’un grand nombre de nobles. Les traîtres sont toujours prêts à vendre leur patrie, s’ils obtiennent en compensation des faveurs ou privilèges. De 782 à 785, l’asservissement devient de plus en plus brutal. Celui qui n’adhère pas au christianisme passe de vie à trépas. Ainsi 4500 Saxons, livrés par la noblesse saxonne, sont décapités en une seule journée à Verden. L’érudit anglo-saxon Alkuin, proche de Charlemagne, critique dans une lettre ce genre de mission et déclare que selon la Bible et le clergé, la parole de Dieu devait être propagée par le prêche et non par l’épée.
La résistance des Saxons
Mais voilà que se forme la résistance organisée et menée à bien par le duc de Wesphalie Widukind (fils de Wotan), dont la résidence principale se trouve à Wildeshausen. Widukind est issu de la dynastie des « Etheling » au pouvoir depuis 4 siècles. Il est le gendre du roi des Danois Siegfried, et dépasse en intelligence, en pouvoir et en richesse toute la noblesse saxonne. Les Francs sont pour lui des ennemis jurés. Il a compris que la christianisation n’est qu’un prétexte pour agrandir le royaume de Charlemagne. Dans un premier temps, les tribus des Saxons se battent vaillamment et repousse l’armée de Charlemagne. Mais la lutte continue par une chaleur d’été accablante. Durant trois jours les adversaires sont à égalité, puis les Francs plus aguerris, sortent de la lutte en vainqueurs. Toute la Saxe est mise à feu et à sang, les forêts sont brûlées, les villages, les maisons, les puits sont détruits, la population est déportée ou massacrée, plus tard remplacée par des Francs. Après avoir anéanti cette vieille race de germains, plus de 10 000 Saxons sont arrachés à leur terre natale et prennent le chemin de l’esclavage. Charlemagne à cheval à la tête de la longue colonne de miséreux, les mène vers les territoires de son empire, pour soigner les terres incultes dont les Francs n’étaient pas friands. Encore de nos jours, les villes et villages ayant la terminaison « hausen » expl. Sachsenhausen ou Sachsen bei Ansbach, témoignent de la présence des Saxons déportés. La religion chrétienne devient la religion d’état, tout un chacun qui s’y oppose est décapité ou brûlé vif. La guerre à l’encontre des Saxons dure en tout de l’an 772 à l’an 804 (13).
La soumission finale des Saxons est signée par la Lex Saxonum. Pour fêter sa victoire, Charlemagne fait sonner toutes les cloches de son empire et se met à la recherche de Widukind. Il le trouve dans sa résidence à Wildeshausen. Après de longues négociations, dont nul ne connaît la portée, Widukind renonce à la lutte et devient chrétien par le baptême, son parrain étant Charlemagne. Outre la Saxe, les Frisons et les Danois sont asservis, le duché de Bavière est dépouillé et le duc Tassilo III de la dynastie des Agilolfinger au pouvoir depuis l’an 550, mis sous séquestre dans un couvent. Plus tard, la Bavière devient une province franque et le royaume lombard est uni à l’Empire de Charlemagne en 774 (14).
La guerre à l’encontre des Avars
La guerre d’agression et d’extermination à l’encontre des Avars dure de 791 à 799 (15). Les Avars sont des nomades venus des steppes d’Asie. Ces peuples cavaliers pillards, maniaient à la perfection l’arc et le sabre et n’hésitaient pas à agresser l’empire byzantin. Plus tard, ils élurent domicile en Hongrie et en Autriche du sud. Vers la fin de l’année 795, le duc Eric du Frioul, vassal de Charlemagne apparaît à Aix/Aachen à la tête d’une caravane de quinze énormes charrettes, tirées chacune par quatre bœufs. Eric du Frioul avait trouvé le trésor des Avars, caché dans leurs forteresses, véritables cavernes d’Ali Baba. Le butin faramineux, amassé au fil des siècles –or, argent, armes, bijoux, joyaux, vêtements de luxe-, résultait du tribut des empereurs byzantins et des expéditions de pillage. À la vue de cette richesse étalée, Charlemagne pris d’une grande émotion, honora par la suite ses églises, évêques, abbés, ducs, fidèles, y compris les rois anglais de Mercia et Northumberland, ainsi que le pape Hadrian. À partir de l’an 799, les Avars sont décimés et l’Histoire ne fera plus jamais mention d’eux (16).
La renaissance de l’empire
Le peuple est soumis à l’obédience impériale et ecclésiastique, et avec l’aide des missionnaires, des couvents et des prêtres, Charlemagne créé le noyau du nouvel empire occidental. Le statut des Francs libres est en voie de disparition. En signe d’affliction les Francs se taillent les cheveux. Les grandes fortunes foncières appartiennent maintenant à la noblesse, aux couvents et à l’Église. Charlemagne fait construire des routes, des couvents, des écoles, des métairies (données en bail), et divise son empire en Gaue/provinces, margraviats et duchés. Dans ses capitulaires ou ordo, des lois réglementent la vie au quotidien et la dîme pour l’Église et les seigneurs est imposée. Quiconque ne laisse pas baptiser son enfant dans les temps, ne fréquente pas la messe le dimanche, ne jeûne pas durant quarante jours d’affilée, ne s’acquitte pas de la dîme envers l’Église est puni de mort. L’incinération des défunts, les assemblées à ciel ouvert, l’achat de forêts, prés et champs sont interdits et la chasse réservée aux seigneurs. Afin de renflouer les caisses d’état tout devient matière à imposition. C’est ce qu’on appelle gouverner par la terreur (17). La société d’alors se composait de la noblesse, du clergé, de la masse paysanne et des artisans. Au 9e siècle, se forment en Allemagne des communautés juives à Metz, Spire, Mayence, Worms, Strasbourg, Francfort et Cologne. Les Juifs sont sous la protection de Charlemagne, donc sources de revenus considérables (18).
La cour d’Aix/Aachen, est le point de rencontres de l’élite de l’époque–l’anglo-saxon Alkuin, enseignant, préposé de six couvents bénédictins, l’historien Paulus Diakonus ,le messager du roi Theodulf d’Orléans ainsi que l’érudit et biographe Einhard qui écrit à propos de Charlemagne vers l’an 820 dans la Vita Caroli Magni :
À cette époque il obtient le titre d’empereur et d’auguste. Dans un premier temps il a à cet égard une telle animosité qu’il certifie qu’il ne serait pas aller à l’église (bien qu’il s’agissait d’une grande fête), s’il avait pu imaginé le dessein du Pape. Signé Einhard.
Les couvents –précurseurs des universités-, transcrivent les œuvres de l’antiquité et transmettent aux enfants l’instruction profane et religieuse. La Bible carolingienne en latin, transcrite par lescriptorium de l’abbaye Saint Martin à Tours, est considéré comme un chef d’œuvre de l’époque. Signalons que Charlemagne est l’instigateur de l’œuvre « le Heliand / Heiland » en langue saxonne», historique de la vie de Jésus en allemand, publié après son décès (19).
Le décès de Charlemagne
En l’an 806, Charlemagne divise au préalable -en cas de décès-, son empire entre ses fils. Contre la cession de la Vénétie, de l’Istrie et de la Dalmatie en l’an 812, il est enfin reconnu empereur d’Occident par l’empereur d’Orient Michel 1er. (20). Il mène une vie paisible au sein de sa famille nombreuse. Le 21 janvier 814, par une journée glaciale d’hiver, Charlemagne va à la chasse. Mais pris par des tremblements et un accès de fièvre, il rebrousse chemin. Ce qui débute par une infection grippale, dégénère en pleurésie. Comme d’habitude, Charlemagne veut se guérir par le jeûne et n’écoute pas ses médecins qu’il met à la porte. Affaibli par la vieillesse et la maladie, il trépasse le 28 janvier 814. Son agonie dure huit jours. Curieusement il est inhumé en grande hâte, le jour même de son décès à Aix la Chapelle. Dans un accès de tristesse un moine bénédictin écrit :
Romains, Francs et tous les chrétiens, se consument dans le chagrin et sont profondément affligés. Malheur à nous miséreux !
Voici l’épitaphe de sa sépulture :
Sous cette pierre gît le corps de Charlemagne, le grand et pieux empereur, lequel a considérablement agrandi l’empire des Francs et a gouverné avec succès durant 46 ans (21).
Peu après le décès de Charlemagne, l’empire carolingien est soumis à des crises permanentes et décline. Au nord, des hordes cruelles de Vikings, à l’est de Slaves, au sud-est de Hongrois, profitent de la situation pour attaquer et piller les églises et les couvents. Ces attaques durent jusqu’en 911. La noblesse gagne également en pouvoir ce qui créé des situations conflictuelles. Le fils de Charlemagne, Ludwig der Fromme/Louis le Pieux issu du mariage avec Hildegarde devient son successeur et amorce le déclin de l’empire carolingien (22). En l’an 962, Othon 1er fonde l’empire germanique. Dorénavant, il existe un royaume franc oriental (Germanie) et un royaume franc occidental (France).
En l’an 1165, Charlemagne est canonisé par l’empereur Friedrich II. Depuis l’an 1215 ses ossements reposent dans un reliquaire en or à Aix-la-Chapelle. Si Charlemagne est considéré à juste titre comme l’artisan de l’Europe, il n’en est pas moins vrai qu’il était un être ambitieux, un criminel sanguinaire qui gouvernait par la terreur, ce qui n’a pas empêché sa magnification par la suite. Mais au regard du passé, il semble que le but poursuivi justifie souvent les moyens. Une vingtaine d’années après son décès, son ami Einhard écrit sa biographie empreinte de louanges, mais ne mentionne ni sa dureté ni sa cruauté (23). Un siècle après le décès de Charlemagne, les premiers rois d’Allemagne sont issus des tribus des Saxons (24).
Par Léa Rogg.
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