La brique

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Pourquoi La brique?

En mai, fait ce qu'il te plaît. Alors, ensemble, voulez-vous, faisons "La brique", magazine d'informations régionales du Pays des Trois Frontières. "La brique"? Inattendu, n'est-ce pas pour un titre de presse? Mais quelle richesse de symboles dans cette rugueuse petite pièce d'argile cuite, dont le nom sonne ranc, qui a traversé intacte l'histoire des bâtisseurs !

Une brique plus une brique, c'est la construction ordonnée, patiente, attentive. N'est-ce pas ainsi que se consolident oeuvres humaines et communautés? Prise isolément, une brique n'est qu'un morceau d'inertie. Ajustées, reliées, scellées, elles ont du sens. Les briques sont solidaires, sinon rien. Comme les hommes? Ensemble, elles font le mur, le foyer, et aujourd'hui encore, à Evry, dans l'Essonne, la cathédrale.

"La brique", cela va bien à notre région frontalière, toute en chantiers, qui fut aussi, à Folgensbourg, Allschwil, Retzwiller et ailleurs, patrie de tuilliers et de briquetiers.

Et puis pour une brique, t'as plus rien, dit la verve populaire. Des briques et des briques, il y en a pourtant des coffres de Bâle, l'opulente et dans les banques frontalières également, où sont transférés des salaires de la peine, plus sugstantiels qu'ailleurs, grâce au change et l'irrésistible ascension du franc suisse.

Enfin la brique autorise des jeux de mots...hardis. "La brique" contient 15 rubriques, s'autorise des clins d'oeil polissons, peut-être même lubriques. L'esprit du magazine? Constructif, bien sûr. Ce sera la brique "réfractaire" à toutes les annexions et formes d'intolérance.
"La brique, plus sérieusement, c'est une expérience de presse à l'échelle du bassin de vie. Une tentative archaïque, artisanale, hors des schémas de rentabilité moderne, résistance vitale - qui sait - aux tendances dominantes de concentration et de gigantisme.

Internet, télévision numérique, satellites de communication qui siflent sur nos têtes: les images de tous les séismes et frémissements de la nature et des hommes déferlent dans nos foyers. Nous somes connectés immédiatement avec des adresses du bout de la Terre, dans le cliquetis amusant de la petite souris informatique. Mais dans cette mondialisation accélérée dont on ignore qui sont les pilotes véritables et qui nous donne le sentiment d'être d'insignifiantes créatures collées par la pesanteur à l'écorce de la planète terre, nous éprouvons le besoin de repères de proximité.

Le "bassin de vie", c'est cet espace à notre mesure, où nous passons le plus clair de notre temps, où nous faisons nos apprentissages, nos expériences de vie collective, où nous nous construisons.

Une ville-centre, sa périphérie, l'une et l'autre se fécondant mutuellement, forment le cercle de nos évolutions habituelles, entre le domicile et l'école, le domicile et les commerces, les services, les loisirs, les soins, les rites. C'est là que nous somment consommateurs, récepteurs des échos du monde, mais aussi acteurs de l'organisation de la cité, partenaires d'une cllectivité, porteurs de projets.

Savoir ce qui se trame dans le monde est capital. Mais savoir ce qui se passe près de chez soi est tout aussi important. Les gueres modernes ne commencent-elles pas dans des lieux très précis où des communautés proches ont un jour, à force de malentendus et de pannes de communications, mis le feu aux poudres?

Le projet de "La brique", ce sera d'explorer l'organisation, le fonctionnement, les enjeux d'un bassin de vie très particulier. Le Pays des trios frontières, avec Bâle, sa ville-centre, sa zone d'influence allemande et française, Kreis de Lôrrach/Weil, Saint-louis, les cantons de Huningue et de Sierentz, le Sundgau frontalier de Ferrette, Altkirch, Waldighofen.

Mais en même temps ce bassin de vie est traversé par des frontaliers d'Etat et le choc de cultures différentes. Le commerce, la santé, l'éducation, la sécurité, le logement, etc. ne sont pas distribués ici comme dans n'importe quel bassin de vie de l'intérieur d'un pays dans une association naturelle de fonctions ville-centre-faubourg. En régions des trois frontières, ils obéissent à des schémas nationaux. Les discours sur les vertus d'un renforcement de la coopération transfrontalière fleurissent. Mais sur le terrain la "Regio basiliensis" souffre du complexe de l'ogre. Les petits poucets allemands et français ont peur d'être mangé par le puissant voisin suspect, alternativement, d'arrogance ou de condescendance.

En complément de l'irremplaçable presse quotidienne et des publications éditées par la ville centre ou le voisinage allemand, "La brique veut apporter sa contribution à la circulation des informations et des idées. Offrir ses colonnes aussi à l'indispensable débat qui doit précéder l'action. car les bonnes solutions jamais ne se décrètent, mais mûrissent dans une patiente confrontation préalable.

Mais si la vaillante presse quotidienne travaille dans l'urgence, fait de l'immédiateté son cheval de bataille, "La brique", elle, prendra son temps et dira "ralentissons", "réfléchissons". Essayons de détecter dans le foisonnement des événements, les signes de changement profonds, les promesses de vie neuve, sous l'écume des jours, la lame de fond.

"La brique" veut aussi proposer à la lecture ses propres thèmes. Ne pas laisser aux tribuns du verrouillage nationaliste, le monopole du choix de l'ordre du jour et du catalogue des problèmes. Il y a autre chose à faire qu'à conjuguer à tous les temps la peur de l'étranger. Bâtir ensemble, brique après brique, une communauté inventive et chaleureuse, suffisament forte et sûre d'elle-même pour recevoir le voisin, l'immigrant, en ami. Une communauté curieuse de découvrir, soucieuse de préserver ou restaurer les beautés du paysage, qui place au centre de ses préoccupations la personne, toutes les personnes. Reconciliées avec une tradition qui est bien la sienne dans cette région, celle de l'humanisme rhénan.

André MEYER, mai 1996

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